Archive pour avril 2009

Vivre en prison

Lundi 20 avril 2009

Cette semaine sur France Culture, un dossier spécial sur la prison :

- des émissions : une série documentaire commentée en direct du local de « Radio Evasion », un atelier radio situé dans l’aile rénovée de Fleury-Mérogis (la tripale D2 inaugurée par Rachida Dati le 27 octobre 2008), des débats toujours depuis Fleury dans « Du grain à moudre ». Et bien d’autres programmes à découvrir ci-dessous.

- différentes interviews à propos de l’univers carcéral avec Omar Dawson et Karim Bellazaar, Ingrid Delabarre, Michel Goiset, réalisées pour Sur les Docks.

Ainsi que des documents, bibliographies, rapports…

fete des solidarités locales à Grenoble

Dimanche 12 avril 2009

le GENEPI Grenoble participera à la Fête des Solidarités Locales organisée par l’AFEV le 6 mercredi mai de11h à 20h sur le campus de St Martin d’Heres.Cette journée vise à faire la promotion de l’engagement des jeunes dans des actions de solidarités locales pendant un moment festif. Celà sera l’occasion de faire connaitre notre action au GENEPI et de tisser des liens avec les autres associations étudiantes présentes.

 

Au programme:

 

11h déambulation accompagnée de percussions/musique du monde

 

12h-16h: Kermesse associative avec pour le GENEPI un stand crepes, une expo, et cellule

 

15h: le ring des sujets qui fachent « financer nos projets, à quel prix? »

 

16h: Canapé de l’actu « quelle place pour l’engagment des jeunes dans la société actuellement? »+ animations jonglage
19h: fanfare

 

20h-22: théatre d’impro à EVE (campus)

 

Moulins-Yzeure : du grain à moudre pouret sous la meule pénitentiaire

Dimanche 5 avril 2009

Accéder à la demande des prisonniers de Moulins-Yzeure pour un « mieux survivre » serait en accord avec les propos de Monsieur Fillon, Premier Ministre, et tous les professionnels se penchant sur les conditions de détention. D’autant plus que le taux de suicides croissant des prisonniers s’aggrave d’année en année.

Plus d’une centaine de prisonniers des bâtiment G et D de la maison centrale sécuritaire de Moulins-Yzeure ont adressé une lettre au directeur listant les manques et les besoins concernant le fonctionnement interne à la Maison Centrale. Les prisonniers attirent l’attention de la direction sur la nécessité et la légitimité de leur demande en invitant les personnes en charge au dialogue et ce, de la manière la plus citoyenne qui soit et sans déroger aux règles du droit puisque malgré leur nombre (120 à 130), ils n’ont pas dérogé en se faisant nominativement pétitionnaires, les pétitions étant interdites et lourdement sanctionnées intra-muros.

Le listing des demandes ne peuvent en aucun cas créer un dysfonctionnement interne et, y répondre favorablement permettrait de dénouer les graves tensions dans le quotidien des longues peines et autres condamnations.

A ce jour, il n’en est rien et l’Administration Pénitentiaire pour des raisons dites de sécurité rogne de plus en plus sur les acquis obtenus légalement au fil des progrès et des réformes.

Ces demandes sont légitimes et en adéquation avec le texte des recommandations du comité des Ministres aux États membres sur les règles pénitentiaires européennes. Texte adopté par les Ministres le 11 janvier 2006 lors de la 952ème réunion des Délégués des Ministres.

La prison est un carrefour révélateur de tous les divers destins sociaux frappés par les inégalités et les injustices créant « des parcours de misères » qu’elles soient économiques, culturelles, affectives, pathologiques, géographiques etc.

Nos propres enfermements à l’extérieur des prisons qui de plus en plus fabriquent du malaise social jusqu’à l’abus des pharmacopées ingurgitées quotidiennement sont matérialisés par l’architecture en dur du milieu carcéral.

Il nous faut entendre les voix venues au delà des murs. Elles nous concernent tous, nous public, du simple fait que la création, des dits monstres criminels, se fabrique au jour le jour derrière les hauts murs des lieux d’enfermements les plus inhumains. Voici le texte des prisonniers de la centrale sécuritaire de Moulins Yzeure.

À Monsieur le Directeur

 

 

Maison Centrale de Moulins

 

Monsieur le Directeur,

 

Veuillez trouver ci-dessous les différentes requêtes que les détenus de la Maison Centrale de Moulins vous soumettent.

1) VERITABLE PRISE EN CONSIDERATION DES LONGUES PEINES

L’aménagement des peines pour ces condamnés dont certains le sont à la réclusion criminelle à perpétuité et d’autres avec des perspectives d’avenir très lointaines. Audiences pour et avec le Juge d’Application des Peines dans des délais raisonnables d’attente. Meilleur suivi des demandes de transfert.

2) INDIGENTS

Versement d’un somme pécuniaire mensuel à l’indigent ainsi que l’octroi de divers « avantages » inhérents à cette situation : télévision gratuite et dont la somme de location ne doit se voir retranchée de celle remise à l’indigent.

3) PARLOIRS

Création d’un poste d’auxiliaire (détenu de la maison centrale) pour l’entretien des parloirs. Supplément de deux journées de parloirs les vendredis et lundis. Réservation des parloirs directement pris à la maison centrale et non à la maison d’arrêt. Multiplication de ces journées d’appel téléphonique. Possibilité de prendre des photos familiales au parloir. Unité de Visite Familiale généralisé à tous les détenus avec une gestion similaire à celle des parloirs dits normaux.

4) TRAVAIL

Multiplication des postes de détenus auxiliaires – peintre/coiffeur etc. – Formation professionnelles rémunérées. Droit du travail accordé aux détenus travaillant en ateliers. Intervention de « Génépi [1] »

5) ACTIVITES

Ouverture le dimanche et les jours fériés de l’espace SOCIAUX, du terrain de sport et de la salle de musculation. Réfection de la piste du stade de sport. Réfection complète des bâtiments de promenade et cloisonnement de la cabine téléphonique extérieure. Multiplication des mouvements pour les promenades. Cessation du blocage en cellule lorsque le détenu doit se rendre à l’infirmerie ou autre ? Que les personnels le fassent mander ou quérir en promenade au sport ou autre.

6) CUISINE

Amélioration significative des repas distribués/ Repas chauds pour les travailleurs au retour des ateliers à 13h15.

7) TELEPHONE

Baisse significative des tarifs. Compte « spécial » téléphone avec la possibilité de créditer ce compte de l’extérieur. Obtention des mêmes avantages de prix, forfaits, abonnements qu’à l’extérieur.

8) CANTINES

Retour des cantines alimentaires incluant les cantines orientales hebdomadaire en achats extérieur. Possibilité de libre concurrence en matière d’achats informatiques et délais de livraison raisonnable et à respecter. Possibilité d’achat de lecteurs MP3 et de clés USB. En 2009, les baladeurs, lecteurs cassettes, CD n’existent quasiment plus)

 

Monsieur le Directeur, toutes ces demandes sont légitimes, d’autant plus que les êtres humains qui sont enfermés dans les maisons centrales et autres établissements pour longues peines doivent subir des temps de peines toujours de plus en plus interminables…

Il ne s’agit pas d’un caprice émotionnel soudain mais, d’une demande précise, pensée, objective, collective et que nous voulons vous transmettre en vous demandant d’accepter le dialogue.

Il faut que les choses changent rapidement et en profondeur, cela devient vital aujourd’hui pour une partie de la population pénale. Il ne s’agit pas seulement de construire de nouvelles prisons avec des cellules aux murs fraîchement peints ou repeints.

Il faut que change aussi la vie à l’intérieur de la prison.

Nous comptons, Monsieur le Directeur, sur votre compréhension, et de bien vouloir dialoguer avec l’ensemble des détenus de votre établissement.

 

Les détenus des bâtiments G. et D.

 

Roanne : placé au mitard malgré un risque suicidaire manifeste

Dimanche 5 avril 2009

Communiqué de l’OIP, Lyon, le 1er avril 2009

 

 

 

La section française de l’OIP informe des faits suivants :

Une personne incarcérée au centre de détention de Roanne (Loire) a été maintenue quatre jours au quartier disciplinaire en dépit d’une fragilité psychologique patente, ayant avalé quelques jours plus tôt une lame de rasoir.

Le 26 mars 2006, la commission de discipline du centre de détention a décidé de placer F.B en cellule de discipline pour une durée de 13 jours, malgré le fait que celui-ci avait tenté de ce suicider quelques jours plus tôt. Une situation connue de l’autorité disciplinaire, puisque les pièces de la procédure rapportent que F.B. faisait état « beaucoup de problèmes familiaux » le poussant « à bout ». Il a fallu cependant attendre le 30 mars pour que la mesure soit levée, le médecin de l’établissement ayant constaté qu’elle était « de nature à compromettre la santé du détenu » selon les termes de l’article D. 251-4 du code de procédure pénale, qui impose dans ce cas la suspension du placement en cellule disciplinaire.

 

Interpellé par l’OIP le 27 mars au sujet de l’état de santé de F.B., la direction de la prison a confirmé que celui-ci avait, quelques jours plus tôt, « avalé une lame de rasoir », rendant nécessaire son «hospitalisation ». La direction a cependant justifié la sanction en expliquant que F.B. avait commis ce geste « pour échapper au quartier disciplinaire ». Cependant, en plus du placement pendant treize jours au mitard, la commission de discipline avait soumis F.B. à l’obligation de « suivre des soins auprès du psychiatre et des psychologues ». Selon l‘avocate ayant assisté F.B. devant la commission, F.B. avait l’air « de ne pas aller bien du tout » et était « absent », ce que « les surveillants du quartier disciplinaire avaient aussi remarqué ». En outre, dans les jours qui avaient précédé, F.B. avait adressé plusieurs courriers à Louis Mermaz, sénateur de l’Isère, pour faire état de sa détresse puis de son acte auto-agressif. Sollicité le 19 mars par le parlementaire, la direction de la prison avait alors répondu que les difficultés de F.B. étaient connues et qu’il était suivi par un psychiatre.

L’OIP rappelle :

que la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que le placement au quartier disciplinaire d’un détenu souffrant de troubles psychiques et suicidaire avait constitué un traitement inhumain et avait violé le droit à la protection de la vie (CEDH, Renolde c/France, 16 octobre 2008). La Cour avait souligné dans cette affaire que « le placement en cellule disciplinaire isole le détenu, en le privant de visites et de toute activité, ce qui est de nature à aggraver le risque de suicide lorsqu’il existe » ;

 

que la circulaire du 29 mai 1998 sur la prévention des suicides en prison met en garde les chefs d’établissement sur le fait que, « S’il est constant que certains actes auto-agressifs constituent, de la part du détenu, un moyen de pression par rapport à l’institution carcérale, il n’en demeure pas moins vrai que celui-ci, qui ne peut être présumé par l’administration, n’est pas exclusif d’une souffrance et d’un risque suicidaire sérieux. Vis à vis de l’institution pénitentiaire et plus globalement de l’institution judiciaire, l’acte auto- agressif peut être vécu comme le seul moyen de formuler une demande ou de s’opposer à l’autorité qu’elle représente » ;

 

que selon le rapport Professeur Terra sur la prévention du suicide des personnes détenues, publié en décembre 2003, « les détenus dont la crise suicidaire prend le masque de l’agressivité ne peuvent pas être mis au quartier disciplinaire sans risquer d’accélérer la progression de leur détresse ». Par ailleurs, le docteur Albrand, dont le rapport commandé sur le sujet doit être remis demain, a estimé dans un document d’étape rendu public en janvier 2009 qu’il est nécessaire de diminuer le recours au quartier disciplinaire « en privilégiant des mesures alternatives à la cellule disciplinaire, mais aussi en faisant des quartiers disciplinaires des lieux d’exécution d’une sanction plus humanisée ».