L’émission C dans l’air proposait le 23 janvier 2009 une émission consacrée aux suicides dans les prisons françaises :
Douze suicides dans les cellules françaises depuis le 1er janvier, 115 au cours de l’année 2008… Face à la progression du nombre des suicidés dans les prisons, l’administration pénitentiaire a reconnu ces derniers jours une « situation préoccupante ».
Un détenu se suicidait tous les trois jours dans les prisons françaises en 2008. Douze ont commis officiellement ce geste depuis le début de l’année 2009. La situation est « préoccupante », a reconnu Claude d’Harcourt, le directeur de l’administration pénitentiaire, lors d’une conférence de presse organisée en urgence, jeudi 15 janvier.
Sur les 115 décès recensés en prison au cours des douze derniers mois – soit une augmentation de 20 % par rapport à 2007 -, les deux tiers des détenus étaient déjà identifiés comme sujets à risque. Alors, pourquoi une telle augmentation des suicides dans les prisons françaises ? Et surtout, comment les éviter ?
Depuis des mois, syndicats et associations dénoncent la surpopulation des prisons de l’Hexagone. Ainsi, au 1er décembre 2008, il y avait 63 619 détenus pour 50 963 places, avec des taux d’occupation battant des records dans certains établissements : 406 détenus pour 180 places à Béthune (soit 226 %), 585 détenus pour 389 places à la maison d’arrêt de Douai, où un suicide était à déplorer le 13 janvier dernier.
Mais pour le directeur de l’administration pénitentiaire, ces derniers suicides ne sont pas « corrélés à des questions immobilières ». Selon lui, la vague récente touche majoritairement des personnes condamnées dans des affaires sexuelles, des personnes pour lesquelles le risque de dépression serait plus fort.
Le docteur Louis Albrand, médecin expert agréé par la Cour de cassation et chargé de remettre un rapport sur la prévention du risque suicidaire au ministère de la Justice, le 31 janvier, invite, quant à lui, à établir « un rapport entre le suicide et la maladie mentale », une pathologie qui serait fréquente en prison. Environ un quart des prisonniers français souffriraient en effet de troubles psychiques graves. Dans le même temps, le contrôleur général des lieux privatifs de liberté, Jean-Marie Delarue, pointe du doigt, dans un premier rapport, la réalité de la vie quotidienne en détention : des cours de promenade « devenues des zones de non-droit » livrées à la violence des détenus, un défaut d’encadrement dans la détention et un parcours d’exécution des peines sans contenu.