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Archive pour 5 novembre 2008

La prison dans la cité

Mercredi 5 novembre 2008

Rencontres & ciné-débats sur la prison

Expos et soirées-débat sur le monde carcéral, avec le GENEPI (Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées).

Une semaine d’information et de sensibilisation sur le monde de la prison est proposée du 19 au 23 novembre au café l’Antre autre (11, rue Terme 69001 Lyon, Métro Hotel de Ville).

Programme des interventions :

- mercredi 19 novembre, 20h : projection du film 9m² pour deux

- jeudi 20 novembre, 20h : forum associatif et débat sur les enjeux du bénévolat en prison

- vendredi 21 novembre, 20h : débat sur la santé en prison

- samedi 22 novembre, 20h : débat sur la citoyenneté en prison

- dimanche 23 novembre, 15h : projection du film Les résidentes

Une exposition sera présente toute la semaine, elle regroupera (entre autres) des productions des activités socio-culturelles faites avec des détenus de Perrache.

Suicides ou morts suspectes en détention : trois détenu-e-s se sont donné-e-s la mort depuis le 24 octobre.

Mercredi 5 novembre 2008

Le nombre de suicides ou de morts suspectes en prison ne diminue pas. Les dates, sexes et lieux des suicides sont inconnus. Un suicide ou mort suspecte tous les trois jours en prison, 7 fois plus qu’en milieu libre. Manquement grave de l’administration pénitentiaire. L’omerta continue sur la réalité des chiffres quant aux conditions et lieu réel du décès [1] . 3 détenu(e)s se sont donné(e)s la mort depuis le 24 octobre. Les dates, sexes et lieux des suicides sont inconnus.

Nous exigeons, les familles et proches exigent la vérité de la part de l’administration pénitentiaire et des autorités judiciaires afin que toute la lumière soit faite sur ces nouveaux décès.

96 suicides et morts suspectes depuis janvier 2008  ; nous savons que ces chiffres ne reflètent pas la réalité. La création de l’Observatoire des suicides et des morts suspectes sur le site prison.eu.org [3] a permis d’interpeller l’opinion publique.

[1] Omerta : Par extens. Loi du silence imposée par un groupe. (Le nouveau Littré, 2006)

Le premier véritable problème posé par ces statistiques est que non seulement elles « oublient » le comptage des personnes incarcérées qui décèdent hors les murs – à l’hôpital, par exemple -, mais que surtout elles sont globales : l’administration pénitentiaire se garde bien de communiquer le résultat de son décompte macabre année par année et prison par prison en omettant de publier l’âge, le lieu dans la détention (quartier disciplinaire, quartier d’isolement cellule d’arrivant etc…), et cultive l’opacité la plus absolue lorsqu’il s’agit d’obtenir des explications précises quant aux conditions dans lesquelles ces femmes, ces enfants, ces hommes sont décédés. Ces statistiques [2] transmises par Pierre Tournier chercheur au CNRS, ne disent rien sur les souffrances des proches, leur prise en charge psychologique, leur prise en charge financière, et sur la manière dont l’information leur est transmise ou pas…

[2] http://www.prison.eu.org/article.php3 ?id_article=11239#statistiques

[3] http://www.prison.eu.org/rubrique.php3 ?id_rubrique=68

-  « L’ensemble des études pointent comme des périodes de particulière vulnérabilité, outre l’entrée en détention, certains moments particuliers :

- la période correspondant au jugement ;

- le placement au quartier disciplinaire ;

- la période postérieure à une tentative de suicide ou à une automutilation. ».

Circulaire du 26 avril 2002 NOR JUSE0240075C sur la Prévention des suicides dans les établissements pénitentiaires.

-  « le droit à la vie : il est nécessaire de montrer que l’administration pénitentiaire doit tenir compte de cette obligation dans la mise en place de certaines procédures (quartier disciplinaire, isolement…). ».

Conclusion du 20 octobre 2003 du Rapport de la CNCDH sur les droits de l’homme en prison.

Contact Presse : Charlotte Paradis, 06-62-85-62-97, redaction@banpublic.org

Communiqué du 31 octobre 2008 de Ban public.

A côté

Mercredi 5 novembre 2008

Documentaire français de Stéphane Mercurio (1h32min).

Pas de cellule, pas de gardiens, encore moins de détenus. Juste des femmes qui attendent, qui se font belles, qui se remontent le moral, qui craquent parfois, espèrent toujours. Elles sont femmes de détenus, mères de détenus. Elles viennent une, deux, parfois trois par semaine, toutes les semaines pendant des mois, voire des années. Ces Pénélope des temps modernes vivent au rythme de leur homme à l’ombre. Un temps suspendu.

Elle va avoir 17 ans. Elle est mariée – enfin, selon les rites des gens du voyage, qui ne comptent pas pour l’administration. Alors, son mec emprisonné, elle n’a pas le droit de le voir. Peu importe : tous les jours, elle s’installe dans la petite maison d’accueil qui jouxte la prison de Rennes. Et elle lui écrit.

 

Une autre femme approche la soixantaine. Trente-neuf ans de mariage, dont trente et un de parloir. Les « bêtises » que son mari a accumulées les unes après les autres, elle ne les nie pas, mais ne veut pas en parler. « C’est sa vie, résume-t-elle, la mienne, c’est d’être à ses côtés… »

 

Ces femmes qui viennent le plus souvent possible voir leurs maris, leurs frères, leurs fils, emploient toutes les mêmes mots, simples, résignés : « C’est pas gai. » Ou, plus révélateur de leur écrasement : « C’est comme ça. » Certaines arrivent désespérées et s’en vont presque heureuses, parce qu’ « il » était bien. D’autres, qui affichent un sourire de commande, repartent complètement rava­gées, parce qu’« il » était triste ou qu’« il » leur a fait la gueule… Elles ont toutes une histoire à raconter, à partager, et le regard attentionné de Stéphane Mercurio en fait soudain des héroïnes, révoltées et fourbues. En loques et pourtant indestructibles…

 

Les mômes à élever. L’argent à économiser. Et puis du temps à trouver coûte que coûte : trois heures de train ou de voiture pour trente minutes de parloir, c’est pas la joie. Encore moins quand il n’y a pas de parloir du tout, parce que celui qu’elles viennent voir a été transféré, sans avertissement préalable, bien sûr. Ou envoyé à l’hôpital. Pourquoi ? Impossible de le savoir, le personnel étant tenu au secret. Elles repartent alors, engluées dans une angoisse qui se dissipera, des heures, des jours après, avec l’arrivée d’une lettre ou du prochain parloir…

 

Ce sont juste des entretiens, une suite de témoignages comme on en a déjà beaucoup vu, mais si beaux, si déchirants qu’on en a les larmes aux yeux. Au fond, Stéphane Mercurio a tourné un mélo à la Douglas Sirk autour de ces prisonnières en liberté, en double peine, payant pour les fautes d’hommes qu’elles continuent d’aimer.

 

Critique de Pierre Murat parue sur télérama.fr le 1er novembre 2008.